Coordination mammalogique du Nord de la France. Sous cette appellation énigmatique se cache une association à l'objectif bien précis : observer les mammifères qui vivent dans notre région. Que ce soient des chauve-souris, des loutres, des phoques ou des dauphins, leur mode de vie est décortiqué, analysé. 
Perrine Prinzivalli, responsable scientifique et pédagogique à la CMNF nous emmène à la rencontre des phoques qui ont élu domicile dans le Calaisis.
Non, vous ne rêvez pas, il y a des phoques sur notre littoral. "Lors d'une sortie pédagogique avec un groupe d'écoliers, un parent d'élève était persuadé qu'il n'y avait de phoques que sur la banquise" se remémore Perrine Prinzivalli avec un grand sourire. Ce parent n'était toutefois qu'à moitié dans l'erreur dans la mesure où les plus gros effectifs sont localisés autour des pôles (phoque crabier et marbré).
Notre rencontre avec les phoques, animaux protégés depuis 1961, se déroule sur un petit bout de plage du Calaisis dont la CMNF préfère taire l'emplacement exact afin d'éviter  que la vie de la colonie ne soit dérangée.

Une rencontre particulière
Observer des phoques demande de la patience et un peu de chance. La rencontre avec les animaux n'est pas assurée comme si ces derniers savaient se faire désirer. Du haut d'une dune, un rapide coup d'oeil à la longue vue permettrait de se rassurer avant de poursuivre l'expédition. Malheureusement, la brume de chaleur qui règne en cette fin de matinée nous empêche de vérifier la présence des mammifères. Qui plus est, le phoque se confond aisément avec la couleur du sable. Confiants et un peu joueurs, nous avançons tout de même sur la plage à marée basse. A environ trois cents mètres du rivage, nous posons la longue vue. Et là, heureuse surprise ! Dans l'objectif, six phoques veaux-marins et un phoque gris se laissent admirer. Le phoque veau-marin est reconnaissable à son museau rond, semblable au chien et à ses narines en forme de V. Le phoque gris se distingue quant à lui par son museau droit comme le cheval et par ses narines parallèles . Bien qu'étant de gros animaux marins, les phoques sont fragiles et peureux. A terre, ils ne s'éloignent jamais beaucoup du rivage afin de pouvoir fuir rapidement en cas de besoin. Cela explique les précautions que doivent prendre les observateurs afin de ne pas les effrayer.
Nonchalamment étendus sur un banc de sable, les phoques semblent goûter une certaine douceur de vivre. Pesants de 150 à 200 kg pour une taille pouvant atteindre deux mètres, ils passent leur séjour sur nos côtes à reconstituer leur réserve d'énergie, autrement dit à renouveler leur stock de graisse. Mais comme dans tout bilan, aux recettes correspondent des dépenses. Les phoques dépensent d'abord de l'énergie pour chasser : ils se nourrissent essentiellement de petits poissons plats, de crustacés et de vertébrés. Ensuite pour se reproduire. Enfin pour nager car ils vivent en fonction de la hauteur de la mer. Le responsable scientifique de la CMNF est intarissable sur les pinnipèdes, la dénomination scientifique de la famille des phoques, des otaries ou morses. Elle évoque par exemple leur adaptation parfaite à la vie aquatique : forte taille, couche de graisse sous-cutanée, silhouette hydrodynamique, pelage gras, appareils circulatoire et respiratoire modifiés, la liste est encore longue... Un phoque peut ainsi rester sous la surface de l'eau de 20 à 70 minutes.
Tous les détails sont soigneusement notés : date et heure de l'observation, espèces observées, comportement... "L'objectif est d'obtenir des données sur une longue durée. Avec des informations complètes et variées, nous voulons à terme comprendre un peu mieux la manière dont les phoques vivent entre eux" explique Perrine Prinzivalli.

Un réseau d'observateurs
Afin de mener une observation efficace, la CMNF diffuse pour la seconde année consécutive une fiche d'observation à l'instar de ce qui s'est fait en Méditerranée, dans les Pertuis charentais ou en Normandie. Cette fiche invite les professionnels et particuliers à signaler l'espèce observée tout en donnant un maximum d'informations. Sachez ainsi que sur nos côtes, on peut observer, en plus des phoques, des marsouins, des grands dauphins, des rorquals communs...
Une participation accrue des usagers de la mer permettra ainsi de constituer un réseau d'observation efficace, moyen d'enrichir nos connaissances sur les mammifères marins.